Gris souris, le temps s’achève sur des nuages voilant le paradis.
Pas de pluie, juste l’envie d’avoir un parapluie
Les lapins sont là et les canards se marrent
Pas même une goutte du peuplier vient bruisser le miroir de la mare
Les mains sont sèches, les cœurs aussi et pourtant…
Les sourires sont là, les démarches claudicantes aussi et pourtant…
Gris souris, la nuit s’en vient, j’espère, elle apporte l’oubli
Celui qui permet de recommencer une nouvelle fois
Une autre erreur pour prouver encore que dans la cage
L’oiseau chante plus qu’il ne meurt.
On s’embrasse, on batifole mais on ne danse pas
On explose en morceaux de miroirs dégueulasses
Pour briser l’identité des autres, se refaire la sienne
Un pauvre maquillage, une autre mascarade où plus personne ne saute.
Gris souris, le chat dort, s’ennuie, s’enfuit et s’en fout.
Il n’y a plus rien à caresser, à consoler, l’âme fuit
En goutte d’eau purpurine, urine bulleuse qui rote et qui pue
Je ne sais pas qui il vaut mieux oublier pour se détruire,
Les autres ? La mémoire ? Mes autres ? Ma mémoire ?
On porte à bout de bras, la succulence d’une moelle osseuse en offrande
C’est celle qui t’articule, petit bonhomme, tu t’enfiles et t’embobines et tu te brises.
Gris souris, Les commissures s’écartent, une langue rose s’échappe
On a faim. On veut bouffer du sang, des entrailles. On veut faire mal
On veut pleurer pour de vrai, des vraies larmes qui nous désagrègeront
Nous feront revivre. On veut chanter les épines qui t’ébouriffent, qui déchirent tes vêtements,
Te lambrissent. On veut jouer des viscères pour conduire les hères au très haut.
On veut être en visage des autres, on veut envisager les autres dans l’argile. On veut tranquilliser l’âme dans le bruit de la chute.