Se glissaient en souplesse dans les petites poches de son jean, huit doigts de fée arquant le corps en volutes, les pouces laissés de coté, tapotant le rythme de quelque musique intérieure. Un petit déhanché déclencha alors le premier pas vers l’avant. C’est tout en balancement comme une structure improbable à l’équilibre superbe et fou qui passa devant mes yeux engourdis. Les cheveux aux multiples soies cascadaient comme l’infini, le visage en mystère éclairait les alentours. Je ne pouvais pas ne pas suivre son chemin. Je me levai donc à mon tour, les mains dans les poches, le cœur qui battait ma musique intérieur. Peut-être était-ce la même. Elle ne marchait pas, elle dansait aérienne, en lévitation à quelques millimètres au dessus du sol. Je me sentais de plus en plus abruti de beauté, lourd de raison, gauchi dans mes gestes. Je me concentrai à chaque pas, tentant d’élever le pied. Je voulais voler aussi. Chaque pas me faisait sentir mes limites, me faisait sentir son infini. Les épaules roulaient en perfection sous un pull noir en mailles fines. Les mains s’étaient relâchées et virevoltaient autour d’elle dessinant les arcanes de quelques sortilèges. A quoi bon vouloir m’ensorceler ? Son doux parfum m’avait déjà pris la raison et c’est sans doute pourquoi il m’était difficile d’amorcer chacun de mes pas. Elle se retourna soudainement vers moi et ce que j’avais fantasmé comme un masque de pure beauté me fut enlevé. Elle était là, réelle devant moi. Ses yeux noirs me perçant à jour. Dedans, des éclairs de malices, d’intelligence et du bonheur à s’y saouler. Elle ouvrit la bouche. J’eus l’impression que cela durait une éternité. Je vis ses lèvres s’entrouvrir. Elles étaient d’un éclatant rose pailleté de lumière étoilée sous les ampoules du métro. Quelques dents blanches découvertes, des falaises de marbre pur d’où si j’avais pu m’y projeter en esprit minuscule, j’aurai perdu le souffle engourdit par le goût de sa bouche. Entre ces deux montagnes, une langue habile humecta discrètement les lèvres comme pour en endiguer l’assèchement. Elle usa de sa voix vermeille pour me demander pourquoi je la suivais ? Je n’arrivai qu’à bafouiller de stupides choses à propos de beauté, d’irréalité, de mondes parallèles, de beauté, de poésie. J’essayai de lui expliquer que l’avoir vu, c’était comme avoir pu observer l’horizon se déplacer en dansant devant moi. Et que c’était comme malgré moi que je m’étais accordé à son pas… Quelques métros étaient passés, nous laissant comme isoler du temps. Elle me souriait devant ma stupidité ou ma bêtise peut être. Je n’en avais cure et cherchait à profiter de chacun de ses mots. Il irradiait d’elle une bonté révélée. J’embrayais sur le désir de faire partie un tant soit peu de sa vie si ce n’est tout à fait en commençant pas un simple café, par exemple. Elle me dit que non, qu’elle n’avait pas le temps, qu’elle était désolé, elle prit mon numéro, lui pris le sien, elle s’appelait Jeanne. Je ne vérifiai pas s’il s’agissait du bon. Je ne voulais pas insulter le bel ange et le voir s’envoler. Le métro freina, elle y monta, se retourna et me fis un petit geste de main, mignon et gentil comme un ours en peluche dans les petits malins.
Jeanne… Je la voyais alors triomphalement, flamberge levé à bout de bras, le port altier, un casque sous l’autre bras, un regard dominateur, fou et pénétrant sur un cheval blanc. Je la voyais, petite fille taquine mangeant au pain sec pour quelques forfaitures un petit pot de confiture. Je la voyais tournoyer sur elle-même débarrassant de la terre tout ce qui n’y était pas fermement attaché, en pur élémentaire d’air. Quelques jours passèrent morose, où j’espérais la revoir. Je me présentais à l’appel de mes sens me répétant en litanie son doux prénom, sur le quai du métro et n’en prenait aucun, rentrait chez moi, moitié boudeur, moitié rêveur. Jeanne aurait pu me guider un peu plus loin… Je ne pensais qu’à ses lèvres, ses mains fines et caressantes, son corps souple, doux et libre de bonheur. Ce ne fut au début qu’un chuchotement, un « coucou » textuel. J’imaginai sa voix prononcé ce petit mot « coucou ». Je lui répondis de même. Un simple « coucou ». J’attendis un petit moment, hésitant entre le vouvoiement déifiant et le tutoiement ensorcelant. Je me demandais si il était possible d’envoûté une reine de beauté. Je tranchai en évitant de faire des phrases complètes « un café ? ». Quelques minutes plus tard quelques lettres se dessinaient sur mon écran. Je mis alors ma veste et descendu au métro. Là je faisais les cent pas de long en large, m’asseyait un peu. Ne pouvais attendre. J’essayais de paraître détendu. Ce bruit dans ma tête m’explosait. J’aurai voulu crier mais je ne suis pas sur qu’un cri aurait pu sortir. Je ne sais combien de métro passèrent. Il y en eu un, je me souviens de la rame devant moi R76401B lié au R76402. Je levais la tête. Le métro accéléra devant moi, elle était là, de l’autre coté, m’attendait sagement, elle ne m’avait encore vu me semblait-il, profitait de ces quelques secondes intangibles comme si j’étais sur un fil et que le moindre geste le romprait ou me ferait tomber. Je me contenais à l’appeler qu’à grande peine. Fis le tour précipitamment dés que je fus sur d’être hors de portée de son regard, dévalais les escaliers manquant plusieurs fois de me rompre cheville, jambe ou cou… Elle était toujours là, fixe, une statue de grâce, son buste se soulevait doucement sous sa respiration. Je m’approchais, une boule dans le ventre, une exultation vibrante. Un orchestre me remplaçant aurait été cacophonique comme si chacun de ses membres se serait électrocuté. « Désolé, tu as du m’attendre, je ne savais pas comment m’habiller ». Cette simple phrase décomplexifia l’ouvrage et le rendit parfait. L’écheveau d’illusions qui tapissait les recoins de mon être se clairsema. Il y avait toujours autant de désirs mais ils se détachaient les uns des autres sans nœuds. Ils se tressaient avec munificence. « Tu es simplement belle ». La confiance dans la voix était là, la sincérité dans les yeux aussi. Nous avions conscience tout deux que chaque instant était à graver. « Je veux t’aimer » et je lui répondis. « je veux t’aimer aussi » Nous nous embrassâmes alors serrant sur son cœur, celui de l’autre. Aujourd’hui, je ne sais plus combien j’ai bu de cafés avec elle, combien de fois je l’ai embrassé. Le temps en a effacé le nombre mais pas l’intensité. Nous avons eu le temps de le faire au moins une fois avant qu’elle ne disparaisse comme elle était venue. Je ne sais si je retrouverai un jour un tel amour. Je l’appelle en mon cœur encore sur le quai du métro, veille le R76401B lié au R76402. Lorsqu’il passe, j’espère qu’elle sera là juste derrière. Je prie et je pleure. Je crois la voir presque parfois. Des gestes d’immortalité empruntés par des inconnus me la rappellent. Je mets alors mes mains dans les poches et m’imagine danser avec elle…
Jeanne… Je la voyais alors triomphalement, flamberge levé à bout de bras, le port altier, un casque sous l’autre bras, un regard dominateur, fou et pénétrant sur un cheval blanc. Je la voyais, petite fille taquine mangeant au pain sec pour quelques forfaitures un petit pot de confiture. Je la voyais tournoyer sur elle-même débarrassant de la terre tout ce qui n’y était pas fermement attaché, en pur élémentaire d’air. Quelques jours passèrent morose, où j’espérais la revoir. Je me présentais à l’appel de mes sens me répétant en litanie son doux prénom, sur le quai du métro et n’en prenait aucun, rentrait chez moi, moitié boudeur, moitié rêveur. Jeanne aurait pu me guider un peu plus loin… Je ne pensais qu’à ses lèvres, ses mains fines et caressantes, son corps souple, doux et libre de bonheur. Ce ne fut au début qu’un chuchotement, un « coucou » textuel. J’imaginai sa voix prononcé ce petit mot « coucou ». Je lui répondis de même. Un simple « coucou ». J’attendis un petit moment, hésitant entre le vouvoiement déifiant et le tutoiement ensorcelant. Je me demandais si il était possible d’envoûté une reine de beauté. Je tranchai en évitant de faire des phrases complètes « un café ? ». Quelques minutes plus tard quelques lettres se dessinaient sur mon écran. Je mis alors ma veste et descendu au métro. Là je faisais les cent pas de long en large, m’asseyait un peu. Ne pouvais attendre. J’essayais de paraître détendu. Ce bruit dans ma tête m’explosait. J’aurai voulu crier mais je ne suis pas sur qu’un cri aurait pu sortir. Je ne sais combien de métro passèrent. Il y en eu un, je me souviens de la rame devant moi R76401B lié au R76402. Je levais la tête. Le métro accéléra devant moi, elle était là, de l’autre coté, m’attendait sagement, elle ne m’avait encore vu me semblait-il, profitait de ces quelques secondes intangibles comme si j’étais sur un fil et que le moindre geste le romprait ou me ferait tomber. Je me contenais à l’appeler qu’à grande peine. Fis le tour précipitamment dés que je fus sur d’être hors de portée de son regard, dévalais les escaliers manquant plusieurs fois de me rompre cheville, jambe ou cou… Elle était toujours là, fixe, une statue de grâce, son buste se soulevait doucement sous sa respiration. Je m’approchais, une boule dans le ventre, une exultation vibrante. Un orchestre me remplaçant aurait été cacophonique comme si chacun de ses membres se serait électrocuté. « Désolé, tu as du m’attendre, je ne savais pas comment m’habiller ». Cette simple phrase décomplexifia l’ouvrage et le rendit parfait. L’écheveau d’illusions qui tapissait les recoins de mon être se clairsema. Il y avait toujours autant de désirs mais ils se détachaient les uns des autres sans nœuds. Ils se tressaient avec munificence. « Tu es simplement belle ». La confiance dans la voix était là, la sincérité dans les yeux aussi. Nous avions conscience tout deux que chaque instant était à graver. « Je veux t’aimer » et je lui répondis. « je veux t’aimer aussi » Nous nous embrassâmes alors serrant sur son cœur, celui de l’autre. Aujourd’hui, je ne sais plus combien j’ai bu de cafés avec elle, combien de fois je l’ai embrassé. Le temps en a effacé le nombre mais pas l’intensité. Nous avons eu le temps de le faire au moins une fois avant qu’elle ne disparaisse comme elle était venue. Je ne sais si je retrouverai un jour un tel amour. Je l’appelle en mon cœur encore sur le quai du métro, veille le R76401B lié au R76402. Lorsqu’il passe, j’espère qu’elle sera là juste derrière. Je prie et je pleure. Je crois la voir presque parfois. Des gestes d’immortalité empruntés par des inconnus me la rappellent. Je mets alors mes mains dans les poches et m’imagine danser avec elle…
Jeanne… Je la voyais alors triomphalement, flamberge levé à bout de bras, le port altier, un casque sous l’autre bras, un regard dominateur, fou et pénétrant sur un cheval blanc. Je la voyais, petite fille taquine mangeant au pain sec pour quelques forfaitures un petit pot de confiture. Je la voyais tournoyer sur elle-même débarrassant de la terre tout ce qui n’y était pas fermement attaché, en pur élémentaire d’air. Quelques jours passèrent morose, où j’espérais la revoir. Je me présentais à l’appel de mes sens me répétant en litanie son doux prénom, sur le quai du métro et n’en prenait aucun, rentrait chez moi, moitié boudeur, moitié rêveur. Jeanne aurait pu me guider un peu plus loin… Je ne pensais qu’à ses lèvres, ses mains fines et caressantes, son corps souple, doux et libre de bonheur. Ce ne fut au début qu’un chuchotement, un « coucou » textuel. J’imaginai sa voix prononcé ce petit mot « coucou ». Je lui répondis de même. Un simple « coucou ». J’attendis un petit moment, hésitant entre le vouvoiement déifiant et le tutoiement ensorcelant. Je me demandais si il était possible d’envoûté une reine de beauté. Je tranchai en évitant de faire des phrases complètes « un café ? ». Quelques minutes plus tard quelques lettres se dessinaient sur mon écran. Je mis alors ma veste et descendu au métro. Là je faisais les cent pas de long en large, m’asseyait un peu. Ne pouvais attendre. J’essayais de paraître détendu. Ce bruit dans ma tête m’explosait. J’aurai voulu crier mais je ne suis pas sur qu’un cri aurait pu sortir. Je ne sais combien de métro passèrent. Il y en eu un, je me souviens de la rame devant moi R76401B lié au R76402. Je levais la tête. Le métro accéléra devant moi, elle était là, de l’autre coté, m’attendait sagement, elle ne m’avait encore vu me semblait-il, profitait de ces quelques secondes intangibles comme si j’étais sur un fil et que le moindre geste le romprait ou me ferait tomber. Je me contenais à l’appeler qu’à grande peine. Fis le tour précipitamment dés que je fus sur d’être hors de portée de son regard, dévalais les escaliers manquant plusieurs fois de me rompre cheville, jambe ou cou… Elle était toujours là, fixe, une statue de grâce, son buste se soulevait doucement sous sa respiration. Je m’approchais, une boule dans le ventre, une exultation vibrante. Un orchestre me remplaçant aurait été cacophonique comme si chacun de ses membres se serait électrocuté. « Désolé, tu as du m’attendre, je ne savais pas comment m’habiller ». Cette simple phrase décomplexifia l’ouvrage et le rendit parfait. L’écheveau d’illusions qui tapissait les recoins de mon être se clairsema. Il y avait toujours autant de désirs mais ils se détachaient les uns des autres sans nœuds. Ils se tressaient avec munificence. « Tu es simplement belle ». La confiance dans la voix était là, la sincérité dans les yeux aussi. Nous avions conscience tout deux que chaque instant était à graver. « Je veux t’aimer » et je lui répondis. « je veux t’aimer aussi » Nous nous embrassâmes alors serrant sur son cœur, celui de l’autre. Aujourd’hui, je ne sais plus combien j’ai bu de cafés avec elle, combien de fois je l’ai embrassé. Le temps en a effacé le nombre mais pas l’intensité. Nous avons eu le temps de le faire au moins une fois avant qu’elle ne disparaisse comme elle était venue. Je ne sais si je retrouverai un jour un tel amour. Je l’appelle en mon cœur encore sur le quai du métro, veille le R76401B lié au R76402. Lorsqu’il passe, j’espère qu’elle sera là juste derrière. Je prie et je pleure. Je crois la voir presque parfois. Des gestes d’immortalité empruntés par des inconnus me la rappellent. Je mets alors mes mains dans les poches et m’imagine danser avec elle…