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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 15:25

Se glissaient en souplesse dans les petites poches de son jean, huit doigts de fée arquant le corps en volutes, les pouces laissés de coté, tapotant le rythme de quelque musique intérieure. Un petit déhanché déclencha alors le premier pas vers l’avant. C’est tout en balancement comme une structure improbable à l’équilibre superbe et fou qui passa devant mes yeux engourdis. Les cheveux aux multiples soies cascadaient comme l’infini, le visage en mystère éclairait les alentours. Je ne pouvais pas ne pas suivre son chemin. Je me levai donc à mon tour, les mains dans les poches, le cœur qui battait ma musique intérieur. Peut-être était-ce la même. Elle ne marchait pas, elle dansait aérienne, en lévitation à quelques millimètres au dessus du sol. Je me sentais de plus en plus abruti de beauté, lourd de raison, gauchi dans mes gestes. Je me concentrai à chaque pas, tentant d’élever le pied. Je voulais voler aussi. Chaque pas me faisait sentir mes limites, me faisait sentir son infini. Les épaules roulaient en perfection sous un pull noir en mailles fines. Les mains s’étaient relâchées et virevoltaient autour d’elle dessinant les arcanes de quelques sortilèges. A quoi bon vouloir m’ensorceler ? Son doux parfum m’avait déjà pris la raison et c’est sans doute pourquoi il m’était difficile d’amorcer chacun de mes pas. Elle se retourna soudainement vers moi et ce que j’avais fantasmé comme un masque de pure beauté me fut enlevé. Elle était là, réelle devant moi. Ses yeux noirs me perçant à jour. Dedans, des éclairs de malices, d’intelligence et du bonheur à s’y saouler. Elle ouvrit la bouche. J’eus l’impression que cela durait une éternité. Je vis ses lèvres s’entrouvrir. Elles étaient d’un éclatant rose pailleté de lumière étoilée sous les ampoules du métro. Quelques dents blanches découvertes, des falaises de marbre pur d’où si j’avais pu m’y projeter en esprit minuscule, j’aurai perdu le souffle engourdit par le goût de sa bouche. Entre ces deux montagnes, une langue habile humecta discrètement les lèvres comme pour en endiguer l’assèchement. Elle usa de sa voix vermeille pour me demander pourquoi je la suivais ? Je n’arrivai qu’à bafouiller de stupides choses à propos de beauté, d’irréalité, de mondes parallèles, de beauté, de poésie. J’essayai de lui expliquer que l’avoir vu, c’était comme avoir pu observer l’horizon se déplacer en dansant devant moi. Et que c’était comme malgré moi que je m’étais accordé à son pas… Quelques métros étaient passés, nous laissant comme isoler du temps. Elle me souriait devant ma stupidité ou ma bêtise peut être. Je n’en avais cure et cherchait à profiter de chacun de ses mots. Il irradiait d’elle une bonté révélée. J’embrayais sur le désir de faire partie un tant soit peu de sa vie si ce n’est tout à fait en commençant pas un simple café, par exemple. Elle me dit que non, qu’elle n’avait pas le temps, qu’elle était désolé, elle prit mon numéro, lui pris le sien, elle s’appelait Jeanne. Je ne vérifiai pas s’il s’agissait du bon. Je ne voulais pas insulter le bel ange et le voir s’envoler. Le métro freina, elle y monta, se retourna et me fis un petit geste de main, mignon et gentil comme un ours en peluche dans les petits malins.

le train 

Jeanne… Je la voyais alors triomphalement, flamberge levé à bout de bras, le port altier, un casque sous l’autre bras, un regard dominateur, fou et pénétrant sur un cheval blanc. Je la voyais, petite fille taquine mangeant au pain sec pour quelques forfaitures un petit pot de confiture. Je la voyais tournoyer sur elle-même débarrassant de la terre tout ce qui n’y était pas fermement attaché, en pur élémentaire d’air. Quelques jours passèrent morose, où j’espérais la revoir. Je me présentais à l’appel de mes sens me répétant en litanie son doux prénom, sur le quai du métro et n’en prenait aucun, rentrait chez moi, moitié boudeur, moitié rêveur. Jeanne aurait pu me guider un peu plus loin… Je ne pensais qu’à ses lèvres, ses mains fines et caressantes, son corps souple, doux et libre de bonheur. Ce ne fut au début qu’un chuchotement, un « coucou » textuel. J’imaginai sa voix prononcé ce petit mot « coucou ». Je lui répondis de même. Un simple « coucou ». J’attendis un petit moment, hésitant entre le vouvoiement déifiant et le tutoiement ensorcelant. Je me demandais si il était possible d’envoûté une reine de beauté. Je tranchai en évitant de faire des phrases complètes « un café ? ». Quelques minutes plus tard quelques lettres se dessinaient sur mon écran. Je mis alors ma veste et descendu au métro. Là je faisais les cent pas de long en large, m’asseyait un peu. Ne pouvais attendre. J’essayais de paraître détendu. Ce bruit dans ma tête m’explosait. J’aurai voulu crier mais je ne suis pas sur qu’un cri aurait pu sortir. Je ne sais combien de métro passèrent. Il y en eu un, je me souviens de la rame devant moi R76401B lié au R76402. Je levais la tête. Le métro accéléra devant moi, elle était là, de l’autre coté, m’attendait sagement, elle ne m’avait encore vu me semblait-il, profitait de ces quelques secondes intangibles comme si j’étais sur un fil et que le moindre geste le romprait ou me ferait tomber. Je me contenais à l’appeler qu’à grande peine. Fis le tour précipitamment dés que je fus sur d’être hors de portée de son regard, dévalais les escaliers manquant plusieurs fois de me rompre cheville, jambe ou cou… Elle était toujours là, fixe, une statue de grâce, son buste se soulevait doucement sous sa respiration. Je m’approchais, une boule dans le ventre, une exultation vibrante. Un orchestre me remplaçant aurait été cacophonique comme si chacun de ses membres se serait électrocuté. « Désolé, tu as du m’attendre, je ne savais pas comment m’habiller ». Cette simple phrase décomplexifia l’ouvrage et le rendit parfait. L’écheveau d’illusions qui tapissait les recoins de mon être se clairsema. Il y avait toujours autant de désirs mais ils se détachaient les uns des autres sans nœuds. Ils se tressaient avec munificence. « Tu es simplement belle ». La confiance dans la voix était là, la sincérité dans les yeux aussi. Nous avions conscience tout deux que chaque instant était à graver. « Je veux t’aimer » et je lui répondis. « je veux t’aimer aussi » Nous nous embrassâmes alors serrant sur son cœur, celui de l’autre. Aujourd’hui, je ne sais plus combien j’ai bu de cafés avec elle, combien de fois je l’ai embrassé. Le temps en a effacé le nombre mais pas l’intensité. Nous avons eu le temps de le faire au moins une fois avant qu’elle ne disparaisse comme elle était venue. Je ne sais si je retrouverai un jour un tel amour. Je l’appelle en mon cœur encore sur le quai du métro, veille le R76401B lié au R76402. Lorsqu’il passe, j’espère qu’elle sera là juste derrière. Je prie et je pleure. Je crois la voir presque parfois. Des gestes d’immortalité empruntés par des inconnus me la rappellent. Je mets alors mes mains dans les poches et m’imagine danser avec elle…

Jeanne… Je la voyais alors triomphalement, flamberge levé à bout de bras, le port altier, un casque sous l’autre bras, un regard dominateur, fou et pénétrant sur un cheval blanc. Je la voyais, petite fille taquine mangeant au pain sec pour quelques forfaitures un petit pot de confiture. Je la voyais tournoyer sur elle-même débarrassant de la terre tout ce qui n’y était pas fermement attaché, en pur élémentaire d’air. Quelques jours passèrent morose, où j’espérais la revoir. Je me présentais à l’appel de mes sens me répétant en litanie son doux prénom, sur le quai du métro et n’en prenait aucun, rentrait chez moi, moitié boudeur, moitié rêveur. Jeanne aurait pu me guider un peu plus loin… Je ne pensais qu’à ses lèvres, ses mains fines et caressantes, son corps souple, doux et libre de bonheur. Ce ne fut au début qu’un chuchotement, un « coucou » textuel. J’imaginai sa voix prononcé ce petit mot « coucou ». Je lui répondis de même. Un simple « coucou ». J’attendis un petit moment, hésitant entre le vouvoiement déifiant et le tutoiement ensorcelant. Je me demandais si il était possible d’envoûté une reine de beauté. Je tranchai en évitant de faire des phrases complètes « un café ? ». Quelques minutes plus tard quelques lettres se dessinaient sur mon écran. Je mis alors ma veste et descendu au métro. Là je faisais les cent pas de long en large, m’asseyait un peu. Ne pouvais attendre. J’essayais de paraître détendu. Ce bruit dans ma tête m’explosait. J’aurai voulu crier mais je ne suis pas sur qu’un cri aurait pu sortir. Je ne sais combien de métro passèrent. Il y en eu un, je me souviens de la rame devant moi R76401B lié au R76402. Je levais la tête. Le métro accéléra devant moi, elle était là, de l’autre coté, m’attendait sagement, elle ne m’avait encore vu me semblait-il, profitait de ces quelques secondes intangibles comme si j’étais sur un fil et que le moindre geste le romprait ou me ferait tomber. Je me contenais à l’appeler qu’à grande peine. Fis le tour précipitamment dés que je fus sur d’être hors de portée de son regard, dévalais les escaliers manquant plusieurs fois de me rompre cheville, jambe ou cou… Elle était toujours là, fixe, une statue de grâce, son buste se soulevait doucement sous sa respiration. Je m’approchais, une boule dans le ventre, une exultation vibrante. Un orchestre me remplaçant aurait été cacophonique comme si chacun de ses membres se serait électrocuté. « Désolé, tu as du m’attendre, je ne savais pas comment m’habiller ». Cette simple phrase décomplexifia l’ouvrage et le rendit parfait. L’écheveau d’illusions qui tapissait les recoins de mon être se clairsema. Il y avait toujours autant de désirs mais ils se détachaient les uns des autres sans nœuds. Ils se tressaient avec munificence. « Tu es simplement belle ». La confiance dans la voix était là, la sincérité dans les yeux aussi. Nous avions conscience tout deux que chaque instant était à graver. « Je veux t’aimer » et je lui répondis. « je veux t’aimer aussi » Nous nous embrassâmes alors serrant sur son cœur, celui de l’autre. Aujourd’hui, je ne sais plus combien j’ai bu de cafés avec elle, combien de fois je l’ai embrassé. Le temps en a effacé le nombre mais pas l’intensité. Nous avons eu le temps de le faire au moins une fois avant qu’elle ne disparaisse comme elle était venue. Je ne sais si je retrouverai un jour un tel amour. Je l’appelle en mon cœur encore sur le quai du métro, veille le R76401B lié au R76402. Lorsqu’il passe, j’espère qu’elle sera là juste derrière. Je prie et je pleure. Je crois la voir presque parfois. Des gestes d’immortalité empruntés par des inconnus me la rappellent. Je mets alors mes mains dans les poches et m’imagine danser avec elle…

Jeanne… Je la voyais alors triomphalement, flamberge levé à bout de bras, le port altier, un casque sous l’autre bras, un regard dominateur, fou et pénétrant sur un cheval blanc. Je la voyais, petite fille taquine mangeant au pain sec pour quelques forfaitures un petit pot de confiture. Je la voyais tournoyer sur elle-même débarrassant de la terre tout ce qui n’y était pas fermement attaché, en pur élémentaire d’air. Quelques jours passèrent morose, où j’espérais la revoir. Je me présentais à l’appel de mes sens me répétant en litanie son doux prénom, sur le quai du métro et n’en prenait aucun, rentrait chez moi, moitié boudeur, moitié rêveur. Jeanne aurait pu me guider un peu plus loin… Je ne pensais qu’à ses lèvres, ses mains fines et caressantes, son corps souple, doux et libre de bonheur. Ce ne fut au début qu’un chuchotement, un « coucou » textuel. J’imaginai sa voix prononcé ce petit mot « coucou ». Je lui répondis de même. Un simple « coucou ». J’attendis un petit moment, hésitant entre le vouvoiement déifiant et le tutoiement ensorcelant. Je me demandais si il était possible d’envoûté une reine de beauté. Je tranchai en évitant de faire des phrases complètes « un café ? ». Quelques minutes plus tard quelques lettres se dessinaient sur mon écran. Je mis alors ma veste et descendu au métro. Là je faisais les cent pas de long en large, m’asseyait un peu. Ne pouvais attendre. J’essayais de paraître détendu. Ce bruit dans ma tête m’explosait. J’aurai voulu crier mais je ne suis pas sur qu’un cri aurait pu sortir. Je ne sais combien de métro passèrent. Il y en eu un, je me souviens de la rame devant moi R76401B lié au R76402. Je levais la tête. Le métro accéléra devant moi, elle était là, de l’autre coté, m’attendait sagement, elle ne m’avait encore vu me semblait-il, profitait de ces quelques secondes intangibles comme si j’étais sur un fil et que le moindre geste le romprait ou me ferait tomber. Je me contenais à l’appeler qu’à grande peine. Fis le tour précipitamment dés que je fus sur d’être hors de portée de son regard, dévalais les escaliers manquant plusieurs fois de me rompre cheville, jambe ou cou… Elle était toujours là, fixe, une statue de grâce, son buste se soulevait doucement sous sa respiration. Je m’approchais, une boule dans le ventre, une exultation vibrante. Un orchestre me remplaçant aurait été cacophonique comme si chacun de ses membres se serait électrocuté. « Désolé, tu as du m’attendre, je ne savais pas comment m’habiller ». Cette simple phrase décomplexifia l’ouvrage et le rendit parfait. L’écheveau d’illusions qui tapissait les recoins de mon être se clairsema. Il y avait toujours autant de désirs mais ils se détachaient les uns des autres sans nœuds. Ils se tressaient avec munificence. « Tu es simplement belle ». La confiance dans la voix était là, la sincérité dans les yeux aussi. Nous avions conscience tout deux que chaque instant était à graver. « Je veux t’aimer » et je lui répondis. « je veux t’aimer aussi » Nous nous embrassâmes alors serrant sur son cœur, celui de l’autre. Aujourd’hui, je ne sais plus combien j’ai bu de cafés avec elle, combien de fois je l’ai embrassé. Le temps en a effacé le nombre mais pas l’intensité. Nous avons eu le temps de le faire au moins une fois avant qu’elle ne disparaisse comme elle était venue. Je ne sais si je retrouverai un jour un tel amour. Je l’appelle en mon cœur encore sur le quai du métro, veille le R76401B lié au R76402. Lorsqu’il passe, j’espère qu’elle sera là juste derrière. Je prie et je pleure. Je crois la voir presque parfois. Des gestes d’immortalité empruntés par des inconnus me la rappellent. Je mets alors mes mains dans les poches et m’imagine danser avec elle…

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 23:11

Il se disait, le temps n’existe plus

Une douleur immortelle, immobile

Dans une douceur si facile

Que l’étourdi tourbillonne en pluie

 

Il se disait, n’existe plus que le temps

Effacement d’un renouveau d’une naissance

Détachement des fruits de la fleur

De la feuille de mes pensées rances

 

Il se disait, rien n’est le temps sans rien

Au paradis des sens s’exaltaient le chemin

Comme une fleur exhale le parfum

Comme un cabot devenu chien.

 

Il se disait, le temps n’est rien sans rien

A l’insouciante majesté du paraître

S’ignorait l’incongrue force de l’hêtre

S’entrouvrait le rêve d’un lien

 

Il se disait, rien n’est rien sans le temps

Une chute immobile du devenir pensant

Penchant vers les sommets du désir

L’apothéose de la beauté d’un rire.

 

 

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 23:09

La nuit avait été vide et le rêve, creux. Le commandant n’avait pas aussi bien dormi depuis qu’ils avaient commencé à assiéger le  bastion du Grand’Alne. C’était la clef qui ouvrirait à l’empereur, de nouvelles richesses et de nouvelles terres. Le fortin avait été bâtit sur le lit d’un ancien fleuve, il défendait une passe entre deux massifs montagneux, bloquant définitivement cette voix d’accès. Le pays était prenable par la voie des mers mais les problèmes logistiques étaient quasi  insurmontables. Ces murs défais signifierait automatiquement la chute de l’état. Après tant de mois de préparatifs, une stratégie avait pu voir le jour. En effet, le travail de sape y était rendu impossible tant la pente était douce et constituée d’une très bonne épaisseur d’éboulis. Attaquer par les cotés en creusant des tunnels avait été également envisagé mais les faces de la montagne étaient en ce granit que seul la force du temps pouvait faire éclater.  Lancer les hommes dans un assaut massif aurait été suicidaire même si ils étaient de ces frénétiques qui ne redoutaient rien. La solution de la rampe communément proposée lors des sièges aurait demandé des années de travail de terrassement. De plus, arrivés au fait de la muraille, ils auraient découvert une grande fosse difficilement franchissable sauf par un travail supplémentaire de terrassement encore. Tout cela sous les tirs aisés des multiples meurtrières qui sertissaient ce mur. En son sein, derrière le pont-levis immense relevé, une lourde porte bardée de fer surmontée d’une herse en acier. Si le bois pourrait peut être souffrir de projectiles enduits de poix, il en serait tout autrement pour le métal. Les murs étaient épais et les passages étroits, ils perdraient grand nombre d’hommes rien que pour passer ces portes, car il ne pourrait être guère plus que deux de front. 

 Pour le commandant, la solution viendrait d’armes de sièges à très longue portée mais les catapultes n’étaient pas suffisamment puissantes. Il aurait fallut les surélever d’au moins deux dizaine de mètre pour pallier à ce manque. Surtout, ce qu’ils auraient gagné en puissance serait perdu en cadence de tir du fait du ravitaillement en pierres pesant entre cinq et huit hommes en haut de la structure. La solution avait germé dans la tête de l’ingénieur en chef. Partant du principe qu’un homme moyen seul ne pouvait guère envoyé une pierre de la taille de son poing à plus de trente mètres mais qu’à l’aide d’une fronde, il parvenait à l’envoyer à plus d’une cinquantaine. Il suffirait de réaliser ce même travail avec force de contrepoids propulsant un bras articulé en deux bouts permettant un décuplement de force. Ainsi, quelques prototypes à taille humaine furent vite mis en place. Une pierre d’une cinquantaine de kilogrammes parvenait à être propulsée à une trentaine de mètre. Des structures plus grandes furent alors construites. Le bras appelé verge était la pièce maitresse. Sa longueur et sa relative flexibilité garantissait une portée exceptionnelle.  Il fallut trouver le bois adéquat qui ne se brisait pas sous la force qui semblait être surhumaine. La solution résida à transmettre cette force dans le panier portant la charge par une articulation réalisée par un faisceau de fibre souple et résistant. Venait alors un autre problème, la force de recul était gigantesque faisant parfois giter l’ensemble parfois seulement d’avant en arrière mais parfois même sur les cotés. Un système de roues posé au socle donnait un équilibre mais augmentait sa distance de recul. La solution fut trouvée dans le guidage du contrepoids qui au lieu d’avoir un mouvement de balancier suivrait une rigole verticale. Le résultat était magnifique à voir. Non seulement le recul était quasi inexistant ce qui améliorerait la visée mais ils avaient également gagné en puissance. Une pierre pesant huit hommes environ pouvait être envoyé à plus de trois cent mètres à coups surs. Les archers longs ennemis placés sur le mur d’enceinte pouvaient les tirer à environ deux cent vingt mètres. Le vent serait cependant critique lors des échanges de tirs. Les archers ennemis auraient en plus l’avantage de la pente ne permettant pas une riposte aisée de la part des leurs.

                Désormais, ils étaient prêts à lancer les hostilités. Ce siège n’était pas habituel car ils leur étaient impossibles de couper court à tout ravitaillement. Le commandant avait envoyé des escouades réduites pour à la fois espionner et si l’occasion se présentait lancer des attaques éclairs sur les caravanes peu gardées pour tenter de limiter voir d’empoisonner les ressources qui y parvenaient.  Jusqu’à présent, les informations recueillies n’étaient guère optimistes, car si les escouades restaient insoupçonnées à l’arrière du bastion, elles restaient surtout inopérantes tant les caravanes étaient protégées.

«  Chef ingénieur, vous remonterez le trébuchet dès que la nuit sera tombée pour que l’on commence à attaquer le mur. Ils ne doivent pas suspecter ce que nous faisons. Vous le camouflerez en tour dès que le jour poindra.

_ Ce sera beaucoup d’effort…

_ Cela en vaudra la peine. Ne sous-estimons pas l’ennemi. Nous n’avons aucune information sur ce qu’ils ont en réserve Une fois le premier mur tombé, nous pourrons nous avancer et utiliser la poix.

_ Nous travaillerons à l’aveugle alors…

_ Nous ne serons pas les seuls ainsi et vous saurez bien régler la distance après les essais réalisés.

_ Très bien commandant chef.

_ Fait entrer les officiers de fantassins et d’archers, je dois les briffer. »

Toute la journée se succéda ainsi pour mettre en place les différentes stratégies, pour faire face à tout ce que les assiégés pourraient tenter, qu’il s’agisse d’informations certifiées ou de purs hypothèses. Les quelques magies élémentaires ne feraient souffrir que l’équipement et pas les hommes a priori. Bien que les disciples de la Redoute fussent incapables d’utiliser la magie offensive, ils étaient, de part leur initiation, immunisés contre elle.

Le soir venu, les ingénieurs avait mis en place à plat les différents morceaux de la structure du trébuchet pour qu’en moins d’une heure, ce dernier fut monté et prêt à lancer. La première roche fut lancée dans le noir de la nuit.  Le ciel était nuageux, ce qui jouait en leur faveur, les dissimulant tout à fait.  Le bruit de l’impact fut impressionnant. Et bien qu’il fut difficile de savoir qu’elle en avait été les conséquences, les hurlements des hommes les convainquit d’avoir fait mouche.  Le rythme du trébuchet semblait imperturbable. Lorsque la pierre semblait se perdre, ils tiraient alors plus bas ou bien s’orientait sur un angle légèrement différent. Le commandant avait hâte que le soleil se lève pour contempler les dégâts. Quelques tirs de barrages de flèches enflammées furent tentés à leur encontre mais sans grand mal.  Ils n’éclairèrent que peu leurs positions exactes. Les fantassins s’étaient munis de seaux ou d’outres remplis à la rivière afin d’en étouffer les flammes. A la fin de la nuit, trente et une pierres avaient été lancées. Vingt-trois avaient laissé des bruits d’impacts mêlés de cris. Les ingénieurs montèrent des pans de bois autour du trébuchet donnant l’illusion qu’il s’agissait d’une tour d’assaut.

Le jour se leva sur un champ de bataille  uniforme et lisse devant un mur qui ne l’était pas moins… C’était comme si rien ne s’était passé. Les pierres d’environ trois cents kilogrammes chacune étaient comme rangés devant le mur, comme si quelqu’un possédant une force surhumaine les avaient mises là. Où était l’illusion ? Dans le fait d’avoir cru détruit le mur ou dans celui de croire qu’il était toujours vaillant ? Le commandant décida d’envoyer une chenille d’hommes à la rencontre du mur. On avait donné ce nom à cette technique constituant à mettre à couvert une colonne d’hommes pour qu’ils ne craignent pas les attaques à distance. Ils se caparaçonnaient derrière d’épais boucliers carrés en bois. Cette colonne permettait une assez bonne mobilité mais n’était bonne qu’à la reconnaissance, elle était bien incapable d’attaquer efficacement. La première chenille tomba dans un piège. Le terrain avait été creusé de-ci de-là rendant malaisé tout déplacement en ligne droite. Il fallait sans cesse louvoyer. Un homme glissa stupidement, ouvrant une brèche dans la carapace de boucliers, brèche qui fut vite comblée de flèches ennemies. La chenille mourut avant même d’avoir franchi la moitié de la distance les séparant du mur. Une deuxième fut aussitôt envoyée, plus prudente que la précédente, elle se rendit jusqu’à une cinquantaine de mètre avant de disparaître complètement comme avalé par un brouillard alors … qu’il n’y a pas de brouillard, comme si il s’agissait d’un mur d’eau, quelques rides en perturbaient la surface lorsque les hommes eurent traversé. Quelques minutes suivirent dans un silence complet. Le commandant regardait à l’aide de sa longue vue ce qu’il en était. Il vit alors ressortir un homme hurlant de peur, complètement déboussolé qui courut quelques dizaine de mètres avant de mourir par une flèche perçant sa gorge de part en part. Cette flèche ne pouvait avoir été tirée que du sol. Il était impossible de tuer un homme de cet angle du haut d’un mur. Il y avait bien un écran d’illusion leur dissimulant la réalité. Comment percer ce mur bien plus dangereux que celui de pierre puisque indestructible ?

Il décida alors d’utiliser un des trébuchets secondaires pour voir de visu ce qu’il advenait du projectile une fois arrivé dans l’aire des cinquante mètres du mur environ là où était si soigneusement alignés celles lancées pendant la nuit. La pierre arriva sur le mur avec une belle allure puis fut brusquement stoppée à cette frontière. Elle glissa le long de ce mur invisible et se posa doucement sans un bruit sur le sol. Le commandant et ses conseillers se réunirent. Ils avaient bien pensé à ce qu’ils pourraient affronter mais cette magie semblait inaltérable. Pour l’instant, il semblait que ce mur d’air retenait l’inorganique  mais laissait passer les créatures vivantes. En effet, les oiseaux traversaient ce mur sans soucis. Au bout d’une semaine de tentatives vaines, ils essayèrent différents mélanges organiques, excréments, poils, sang qui enduiraient les projectiles pour tenter de les rendre indétectables. Si cette méthode fonctionnait, la cadence des tirs s’en trouverait réduite à un cinquième. Le siège allait donc durer bien plus longtemps que prévu. Les hommes étaient trop nombreux. Des bagarres causées par l’ennui et l’inaction commençaient à éclater.

 Le commandant se doutait néanmoins de quelque chose d’autres. Car si le mur semblait bloquer l’inorganique, le minéral, quant n’était-il de la flèche qui avait traversé cet espace dans l’autre sens. Fonctionnait-il seulement dans une direction ? De plus, les portes étaient restées fermées, il n’avait pas vu l’homme qui avait tiré qui ne pouvait se trouver que dans le même plan que sa cible à quelque chose près. La conclusion était édifiante, le mur n’existait pas et peut être même n’avait-il jamais existé. Des illusions sonores et visuelles les avaient tous floués.  La confirmation vint quelques jours plus tard après, par le retour de sa meilleure chef des services d’infiltration et par d’autres échecs qui confirmaient sa thèse. Ils entendaient toujours les fracas des pierres et les hurlements des ennemis pour découvrir qu’aucun dommage n’avait été causé mais cette fois, même si les pierres ne s’amassaient plus devant eux.

«  Mon commandant, au rapport.

_ Chef espionne, j’en suis ravi que vous soyez saine et sauve, c’est déjà une bonne nouvelle en soi. Racontez moi ce que vous avez vu et fait

_ Nous n’avons pu nous infiltrer, leur méfiance est grande envers tout les étrangers. Il aurait fallut  patienter une dizaine d’années avant de pouvoir s’enrôler dans l’armée. C’est ainsi qu’ils procèdent depuis la grande guerre qui avait faillit leur coûter leur indépendance, il y a plus d’un siècle maintenant.

_ Alors ?

_ Nous avons pu néanmoins pu passer par derrière en suivant un chemin difficilement praticable. Il tient plus de l’escalade que du chemin d’ailleurs. Nous avons perdu un membre de l’équipe à cause de cette difficulté. Nous avons pu avoir une vue plus nette et bien différente que celle à laquelle nous nous attendions.

_ Le mur ?

_ Le mur que nous voyons dans le camp n’existe pas de l’autre coté.

_ Rah je m’en doutais, voilà quelques jours que je n’ai plus aucun doute. Que de temps perdu. Et leur nombre ?

_ Leur armée est bien fournie, essentiellement composée d’archers longs et de cavalerie lourde. Ils ont quelques machines de guerre du type baliste surtout.

_ Ravitaillement ?

_ Intouchable, j’en ai peur. En plus des sentinelles présentes tout les cinq cent mètres environ. C’est une compagnie entière qui accompagne à l’aller comme au retour chaque trajet.

_ As-tu pu entendre quelques rumeurs, leur état d’esprit, quelque chose qui pourrait nous être utile ?

_ Ils ont la foi d’être dans le vrai. Ils ne comprennent par où est leur faute. Ils ne voient que barbarisme aveugle ou sauvagerie sans-nom. Ils ne se moquent pas pour autant de notre foi. Durant ces trois mois à leur coté, j’avoue que même en temps de guerre, leur joie de vivre  m’a touché, d’autant plus que… tu m’as manqué… Sheitan… dit-elle en rougissant

_ Ma douce Heila, tu sais que nous n’avons pas le droit à notre individualité. C’était une erreur de nous donner des prénoms. Nous nous y sommes attachés maintenant. Nous nous aimions suffisamment comme ça sans gâcher notre seule protection.

_ J’aime le nom que tu m’as donné, n’aimes tu pas celui que j’ai choisi pour toi Sheitan, dit-elle en chuchotant son prénom au creux de son oreille

_ Heila, répondit-il de la même manière. Tu sais bien que je ne cesse de penser à toi, trop souvent pour le commandant que je suis. »

 Ce faisant, il mit dans un geste rapide sa main droite au creux des jambes de Heila tandis que l’autre se saisit à sa nuque l’emmenant vers lui. Heila laissa échapper un petit cri vite étouffé par les lèvres de Sheitan. Il continuait à la caresser tout en l’embrassant tandis que Heila s’occupait fébrilement à défaire les entrecroisements de sa simple tunique pour caresser sa poitrine puissante, légèrement velue. Brusquement, il cessa, la repoussant en arrière.

« Attends-moi là, et ne dit rien » Il partit de la tente, Heila l’entendit donner quelques ordres puis revint. « Nous serons plus tranquilles maintenant » annonça t-il un sourire aux lèvres.

Heila était arrivé dans sa vie comme un caillou dans une mare, dérangeant tout ce qu’il avait appris, tout ce qu’il ne remettait plus en cause, sa foi, sa façon de vivre, ce pour quoi il avait été préparé. Il s’était rendu compte qu’il régnait en fait une grande confusion, les désirs inscrits en lui n’étaient pas ceux qu’il voulait écrire en lui.  Il trouvait de la beauté partout, à travers l’horreur des combats, des corps démembrés, des ventres ouverts sur des cascades sanguinolentes d’intestins, sur l’odeur de pourriture qui se soulevait des blessés qui voulaient encore combattre pour leur cause, pour l’avilissement des Redoutés partis piller, violer, torturer les hérétiques. Ses instructeurs s’étaient bien servis de ce penchant pour le faire devenir un bourreau au cœur pur à l’esprit entièrement tourné par la voix de l’empereur, quelqu’un d’imprenable, d’indomptable aussi. Il était alors craint de tous, puissant parmi les puissants. C’est en levant les yeux vers le soleil à son coucher, la lune pleine au milieu des étoiles innombrables, les fleurs des prés relevés la tête après une fine pluie de printemps, qu’il avait perçu une perversion dans son sens de la beauté. Les flaques d’eau dans lesquelles se reflétaient sont visages étaient bien plus belles que celles de sang  répandu par l’ennemi tombé. C’est sur ce fait qu’Heila était arrivé pour se présenté à sa nouvelle affectation. En dépit de ses seize ans, il émanait d’elle une pureté, une sagesse quelque chose d’inaltérable aussi mais digne du divin. D’abord espionne, elle avait vite grimpé les échelons pour en devenir l’officier principal.  Ses techniques d’investigations  étaient toutes plus subtiles les unes que les autres. Elle n’avait jamais fait couler le sang.  Elle respectait la vie dans son tout et pourtant elle devrait avoir cette fougue barbare à la vue des hérétiques. Sheitan avait été alors attiré. Quelques années plus tard à travers les batailles et les épreuves, ils firent l’un vers l’autre qu’aucun ne regretta par la suite. Ils se montrèrent leur amour autrement que par de simples observations voilées. Autour d’une carte, ils s’effleuraient, dansant l’un autour de l’autre, faisant sentir leur souffle par derrière l’autre. Toujours en silence… La veille d’une grande bataille, la chef espionne était venue le voir et s’était exprimée ainsi.

« Chef commandant, j’ai dans le corps la peur qu’il ne vous arrive du mal, et même la mort. Je ne devrai pas vous montrer mes doutes en vos valeurs mais je ne veux pas vous voir disparaître. Je ne devrai même pas vouloir, seulement obéir…Si vous deviez ne pas revenir, je voudrai me souvenir de vous, de ce que vous êtes, de ce que nul autre ne pourrait remplacer. J’aimerai vous donner un nom, un nom juste pour moi que je pourrai murmurer dans mon sommeil pour m’endormir, un nom que je pourrai tenir proche de mon cœur, un nom qui orientera mon avenir. »

C’était pure folie de s’adresser ainsi, tout autre commandant chef l’aurait tué sans tergiverser davantage, mais ce mélange de volonté, de reconnaissance que l’autre a son individualité qui peut être aimé pour elle, de souvenir et de futur lié, abattit les derniers remparts de sa foi du Redoute.

« Je devrai te tuer… il respira longuement avant de poursuivre. Une larme glissa sur sa joue.

Mais… je ne peux que t’aimer en retour et voudrait donner un nom à celle qui veut me nommer.  Un nom pour me lier à toi, en secret… Nous perdrons ce que nous ennemis nous envie, notre protection. Nous gagnerons aussi à vivre plus libres même si assujettis à un nom nous serons. 

                _ J’aimerai t’appeler Sheitan

                _ J’aimerai m’appeler Sheitan, cela me plaît. J’aimerai t’appeler Heila

                _ J’aimerai m’appeler Heila, cela me plaît. »

Ils scellèrent leur amour par un baiser avant de glisser dans les merveilles des sens où ils fusionnent sous les caresses et les souffles chauds venus des cœurs. Ils devinrent très vite ivres l’un de l’autre. Ils apprirent très vite la discipline qui leur vaudrait leur survie au camp. Voilà quelques années qu’il en était ainsi, qu’ils prononçaient le prénom de l’autre à couvert ou en esprit. Quand Sheitan levait les yeux vers le ciel en prononçant son prénom, il savait qu’Heila faisait de même et réciproquement. Il était peut être idiot d’y voir une utopie si mièvre et creuse mais c’est ce qui lui donnait la force de continuer à couvert. Qu’un jour, ils pourraient fuir pour bâtir leur rêve.

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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 23:15
La rose des sables avait fané par manque d'attention, de désir et de passion

Au rêve de l'idylle s'interposait les pâles espérances  d'une pure raison
La musique perdurait en silence à la haine et à la colère, un soupir
Le chemin se traçait en vagues vagues vertes, fleurissant d'oiseaux lyres.

La montagne se dessinait parmi les hautes brumes violacées
Pas par pas, les notes sonnaient, sortis du temps révéré
Le soleil se couchait, béni des cieux empourprés.

Un soupir à l'oreille de l'amant berçait le coeur en tambour
Un regard à l'idéal félicité projetait tout le bonheur en amour.

Ce qui n'était qu'un simple frémissement annihila le temps.
 
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28 septembre 2009 1 28 /09 /septembre /2009 16:20

Chapitre III - La forêt

 

Il était frappant à l’approche de cette forêt gigantesque d’être dominé par autre chose que le vent du désert et un soleil torride. Ces arbres dressaient une frontière qui paraissait au premier regard infranchissable. A part Gorth, personne ne semblait avoir vu des arbres d’un âge millénaire. De grands lianes pendaient jusqu’au sol. Déjà les bruits de la forêt emplissaient l’espace. On voyait dans les branches les plus basses, de multiples oiseaux aux couleurs chatoyantes. Le chant des dunes s’était fait remplacé par celui de la forêt bien plus complexe mêlant le bruit des feuilles, le craquement des branches et au loin le bruissement de quelques ruisseaux enfouis sous l’humus épais des bois ancestraux. Ils échangeaient aussi une chaleur sèche pour une chaleur humide bien plus étouffante mais l’eau ne serait plus un problème. Elle suintait littéralement du sol. Après quelques dizaine de mètre en profondeur, l’impression d’être dans un temple végétal était présente en chacun. Même Bosse-et-demi semblait marcher avec respect en ces lieux.

« Comment se repérer en ces lieux ? S’enquit Arangadir.

_ Ne vous inquiétez pas, je sais comment me repérer dans une forêt. Si les étoiles sont un beau repère pour quiconque navigue ou arpente le désert. Il existe des arbres si vieux qu’ils sont comme des phares. Leur configuration suffit pour ceux qui les reconnaissent. »

 Il était rassurant de voir qu’au cours du siècle passé, la lisière définissait le même profil. Gorth pourrait dès lors diriger ces compagnons vers son ancien village afin peut être de comprendre ce qui arrivait au monde.

« Suivez moi avec prudence, il y a d’autres dangers que ceux du désert, les serpents sont nombreux ici. Ne touchez à rien, même de simples grenouilles pourraient vous donner la fièvre. Nous marcherons tout le jour et nous arrêterons pour nous hisser dans les arbres à l’affut des prédateurs.

_ Pour quelqu’un du nord, tu t’y connais bien en forêt vierge. Remarqua Kiet’al

_ Nous avons été préparé depuis notre enfance à toute éventualité, éluda Gorth. »

 Tant qu’il ne saurait par pourquoi Tamal’hik l’avait choisi, il était hors de question de dévoiler davantage son passé.

Gorth retrouva facilement après quelques heures de marche vers l’ouest, quelques signes familiers. Un bombax juste à coté d’un grand figuier dont les racines qui sortaient de terre se confondaient avec le tronc qui surplombait un très vieux carambole marron. A partir de là, ils avanceraient vers la mangrove en bordure du fleuve et delà, il gagnerait l’emplacement du village.

« Il nous faut nous reposer dès à présent, gagner la canopée d’où nous pourrons nous reposer loin des prédateurs. Annonça Gorth.

_ Et pour Bosse-et-demi, s’enquit Rebus

_ Nous procèderons pour lui comme pour nous grâce aux lianes. La base des branches de ce poivrier sont suffisamment larges pour ne pas risquer de tomber. Je vais vous montrer comment. »

Gorth pris deux lianes dont il s’assura de leur solidité en s’y suspendant plusieurs fois, il commença à les tresser largement créant ainsi des échelons qui facilitèrent sa montée. Tout les deux mètres environ, il se servait d’une autre liane pour consolider l’échelle. En quelques minutes, il était arrivé à la première branche. Il continua son ascension facilement de branche en branche et redescendit tirant derrière lui plusieurs lianes suffisamment longues pour tomber de part et d’autres de la première branche. Il suffirait alors de hisser Bosse-et-demi, en tirant d’un coté. Ils ne seraient certes pas de trop  pour le hisser, mais ainsi, les prédateurs nocturnes seraient moins attirés par l’odeur du chameau, odeur qui ne pouvait guère plaire qu’à des animaux sans aucun goût. Il leur fallut une petite heure de sueur pour parvenir à s’installer tous en haut sur la grande branche.

            « Et comment ferons nous pour nous restaurer chaudement ? demanda Arban

            _ Nous mangerons froid tant que nous serons dans la forêt. Il y a d’ailleurs trop d’humidité pour ne tirer que des fumées des tentatives pour activer un feu et en plus nous risquons de séduire des insectes bien désagréables.

            _ Quel pays !! S’exclama le chevalier. Sitôt habitué à quelconque climat que nous dussions nous accoutumer à un autre.

            _ Rebus, n’y a-t’il pas moyen pour toi de connaître quelques informations au sujet de l’empereur et de sa soif de conquête ?

            _ Je ne sais pas grand-chose vous savez…

            _ Je voulais parler de ton don…

            _ Je procèderai demain, le temps de préparer du matériel, avec cet écorce et quelques fruits, je devrai pouvoir au moins essayer quelque chose, j’ai quelques amis qui me doivent certaines faveurs. J’espère ne pas les mettre en péril inutilement.

            _ Alors, tu as raison, nous attendrons d’avoir un réel besoin de tes talents. Soit prêts. On ne sait jamais.

            _ Je suis fourbu, je vais me coucher tout de suite, cette luminosité me fatigue les yeux. Devons nous instaurer des quarts ? demanda Kiet’al.

            _ Il vaudrait mieux oui ne serait-ce que pour protéger Bosse-et-Demi de quelconque glissade. Bien que je n’ai jamais vu animal aussi calme et compréhensif. Peut être y a-t-il une intelligence cachée dans ses bosses… plaisanta Gorth. »

Le fait de retrouver son élément détendait Gorth au plus au point. Il se rappelait les temps heureux où il partait pécher ou chasser avec des amis. La fête du village où les plus vaillants guerriers luttaient avec leurs poings et leur courage pour remporter le titre de champion, où les enfants se battaient à l’escalade sur les plus hauts arbres, où tout se terminait par des danses de joies autour de leur joyau tutélaire. Mais il avait quitté un village ruiné en feu et à sang, où la mort n’avait prit que trop sa part.

            «  Arban et moi prendrons le premier quart, Rebus remplacera Arban, puis Arangadir, et enfin toi Kiet’al. Je te rejoindrai quand Arangadir ira se coucher. Proposa Gorth. »

Ils alterneraient ainsi les gardes permettant à ses compagnons de gagner en cohésion. Il y a des choses qu’on est prêt à dire lorsqu’il n’y a pas plus de deux autres oreilles. L’autorité de Gorth n’avait été remise en cause par personne encore. Il semblait naturel à tous que Gorth était en quelque sorte leur chef. Ce qui semblait quand même quelque peu blesser Kiet’al qui grinçait quelque fois des dents. Sans doute de sa position lorsqu’il s’était rencontré et qui se répétait à nouveau. Disposition naturel ou destin implacable ? La nuit était chaude et humide, ce qui changeait des nuits où l’abri des dunes n’était qu’un piètre refuge au vent frais qui les tourmentait.

Kiet’al avait monté quelques branches supplémentaires pour dormir. Arangadir était resté près du chameau, ils semblaient bien s’entendre tout les deux. Rebus s’était placé le dos au tronc, il ne sentait pas très à l’aise dans les hauteurs.

Tout était très calme, la luminosité des étoiles filtraient quelque peu à travers l’épais nuage de feuilles. Cette forêt était très riche en ombrophiles si bien que le sol était tapissé de fougères, fleurs aux multiples senteurs, le rendant que plus traître à ceux qui ne savaient pas s’orienter. De véritables trous d’eau se camouflaient ainsi sous ce tapis végétal. Gorth parti faire un tour dans ces arbres qu’il connaissait bien avant de rejoindre un endroit pour dormir. Cela lui semblait un temps infini qu’il ne s’était pas ainsi promener. Il trouva un coin parfait à peine écarté des autres d’où il pourrait être vu pour qu’ils n’aient pas à s’inquiéter.

C’est un cri d’effroi qui le réveilla vers le petit matin. C’est Kiet’al qui avait poussé ce cri. Arangadir restait pendu à l’échelle de liane. Bosse-et-demi gisait une bonne quinzaine de mètres plus bas, désarticulé au milieu des herbes hautes, n’eut été son œil qui montrait toute son agonie, on aurait pu y voir une simple peluche tombé à terre. L’échelle oscillait encore fortement… Sur la branche où ils s’étaient reposés, aucune trace de lutte. Kiet’al prit la parole en balbutiant, la peur et la crainte semblait se lire sur ses traits :

            « Il…il…. Le chameau a  a  trébuché, Arangadir s’est prépi, précipité derrière voulant s’accroché à son harnais, il…il a mis un pied dans la première marche et sous le poids du chameau à cubulté, culbuté vers l’arrière, sa tête s’est alors prise dans un anneau en contrebas et là j’ai entendu un bruit de craquement. Quand, quand je me suis jeté derrière lui, c’est… c’était trop tard… »

Les oiseaux s’étaient tus, le vent agitait les hautes branches comme au ralenti. Arban la main sur l’épaule de Kiet’al comme pour extirper la vision qu’il avait du avoir. Il suffit bien souvent de quelques secondes seulement pour que n’importe quel guerrier, vaillant ou couard passe de vie à trépas.

            « Descendons-le et enterrons les dignement. Allez viens Kiet’al, il nous faut continuer sans trop nous retourner, car il ne sert à rien de trop se lamenter.

            _ Tu as sans doute raison, dit assez froidement Kiet’al, je vais préparer mes affaires, je vous rejoins.

Ils se préparèrent. Rebus descendit le premier pour détacher le grand corps d’Arangadir en prenant soin de l’assurer par d’autres lianes pour les descendre sans le briser davantage. Arban et Gorth participèrent à l’opération. Personne ne blâmait Gorth pour sa décision qui était la cause de cet accident stupide. Arban était juste. Son regard ne l’accablait pas mais semblait partager sa peine. Une fois fait, ils descendirent un à un. Rebus, Arban puis Gorth. C’est à peine un mètre en dessous de la branche qu’il vit Kiet’al arrivé au dessus de lui, un sourire carnassier sur les lèvres.

            « Il vous faut mourir, traîtres. »

Il partit dans un grand et cruel rire. Se saisit de son poignard et coupa les lianes de l’échelle. Une seconde de cri pourrait simplement résumer leur chute. Rebus qui était arrivé au sol, n’eut le temps que de lever la tête pour voir le chevalier tomber droit sur lui. Gorth suivait de près. Arban écrasa Rebus. Rebus qui criait de peur, hurlait maintenant de douleur. Gorth dans sa chute et battant des bras eu la chance d’attraper une liane trop fragile puisqu’elle se rompit un bref instant après, mais cela freinât suffisamment sa chute pour lui permettre de rester en vie. Il n’y a pas eut une once de magie dans tout ça ce qui expliquait sans doute pourquoi son amulette était resté amorphe. Il se releva quelques instants plus tard. Rebus était mort. Arban pleurait. Sa colonne était touchée, il ne craignait pas la douleur. Il ne pourrait sans doute plus se relever.

            « Achève moi, j’ai bien vécu et vu multiples choses. En vérité, Dieu est grand mon ami. Si les hommes pouvaient le mieux savoir…supplia le chevalier Arban  d’Orignal le bienheureux. »

 Gorth compris que son nom n’était pas usurpé pour avoir dans le cœur cette belle sagesse.

« Prends mon épée, c’est par elle que je dois quitter ce monde, reprit Arban. »

L’épée était magnifique, la poignée était décorée à l’image de son animal emblème. La garde était la projection de ses magnifiques bois, protégeant la main du porteur. Deux rubis ornaient le pommeau comme le regard vif de cette bête princière. Gorth s’en saisit et la plongea droit dans le cœur d’Arban. Dans un souffle qui étira ses lèvres en un dernier sourire, il rendit l’âme.

            « Hé bien, il y en a qui ont de la chance, dirait-on, tu n’as pas trop souffert de cette chute. Ce n’est qu’une question de temps avant que je ne t’attrape… »

Kiet’al arma son bras pour lancer son poignard…Gorth plongea derrières les corps de Rebus et d’Arban, libérant la lame. Il s’enfuit alors à couvert des fougères. Il entendit Kiet’al continuer à rire comme si tout n’avait été que partie de plaisir et tenir ces propos digne de grande folie.

            « Ce n’est pas utile de fuir, je sais où tu es à chaque instant. Vois-tu, chacun a un don. Le mien me permet une fois l’empreinte psychique de mon ennemi prise de le localiser sans aucun problème. Au fait je me présente, bien que tout le monde m’appelle Kiet’al. Je suis bien plus crains sous le nom de Faucon. Tu es un plus spécial que prévu grâce à ton amulette. Si elle semble pouvoir te protéger de la magie offensive, elle est bien efficace pour la magie passive. Je pense que tu ne résisterais pas à des attaques physiques portées à distance. Vois-tu le problème ? Tu portes une magie qui ne te permet aucune attaque, tu ne peux décidément que fuir…Ca me fait penser à la mort de ce pauvre Hirjile, il a bien sur été utile, en son temps. Mais lorsqu’il t’a rencontré, il s’est détourné tellement de nos buts que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il soit châtié. On a profité de toi pour voir un peu qui dans les proches de l’empereur pouvaient être digne de confiance ou digne de choir dans l’oubli. Ah, j’aime bien faire sentir le pouvoir que nous possédons sur vos pauvres et misérables existence. La chasse n’en devient ainsi que plus excitante»

            Gorth partit vers son village, si Tamal’hik l’avait protégé jusqu’à présent, ce ne pouvait être pour rien. Il lui fallait trouver quelques pistes. Les vélins étaient perdus. Ils étaient sans doute une clef dont il avait à peine abordé les rouets ou pertuis.  Le village n’était qu’à deux jours de marches, en passant par la canopée, peut être pourrait-il être plus rapide, évitant ainsi les ravines.  Les arbres étaient si dense dans cette partie de la forêt que leurs branches étaient un véritable entrelacement formant un réseau de chemin en trois dimensions à la fois confortable et rapide pour quiconque avait un bon sens de l’observation.  Gorth avait grandit ici. Kiet’al et ses alliés ne le savaient sans doute pas, il ne l’aurait pas emmené ici à moins peut être de vouloir le suivre pour gagner quelques informations. Et même si Kiet’al, ce fourbe pouvait le rattraper ou appeler du renfort, passer de branches en branches ne lui rendrait pas la tâche facile.

            Gorth retrouvait l’excitation de ses premières courses dans les arbres lorsqu’il allait quérir quelques orchidées sauvages qui poussaient dans les gros nœuds arbres pour sa mère et ses sœurs avec ses frères. Car c’était au premier qui parviendrait à trouver la plus belle à la couleur la plus proche du blanc qui remportait le défi. La situation était bien différente, bien qu’ayant passé seulement quelques mois avec eux, il s’était rapproché d’eux, pas au point de raconter ce qu’il était en réalité mais d’avoir des élans de cœur sincères. Ils avaient commencé ensemble à communier dans le sang des combats, quoi de plus glorieux pour le guerrier qu’il était.  Il regrettait qu’Hirjile bien qu’homme de connaissance soit parti par ce vil serpent de Kiet’al. Arangadir avait l’âme noble, finir ainsi tragiquement pendu ne convenait pas à sa fin. Aucune fin n’avait été noble dans cette hécatombe. Arban semblait néanmoins une variable imprévus au plan de Kiet’al. Ceci expliquait peut être aussi la chance d’être en vie. La question était de savoir comment venger ses compagnons. En prenant suffisamment d’avance, peut-être pourrait-il se préparer à le combattre. Gorth courut à travers les arbres, à travers la nuit, les animaux de nuit. Quelques fruits cueillit sur le chemin le sustentèrent et lui permis de ne pas s’écrouler ou pire de tomber par un malencontreux faux pas.

            Il arrivait près de son village. Il se doutait qu’il n’y trouverait rien. La végétation ayant eu le temps de regagner ses droits depuis le massacre dont il avait été victime un siècle auparavant.  Le village était placé à quelques mètres du grand fleuve, d’où on pouvait gagner facilement la mer intérieur et ainsi tout les pays abordants. C’était en vérité un village où le commerce était fleurissant. Essence d’arbre rares et fruits exotiques étaient échangés contre des peaux, d’autres biens.  Les nouvelles du monde parvenaient également sans heurt jusqu’à eux bien qu’avec quelques semaines de retard. Il fallait bien payer un prix à un certain isolement. C’est en descendant de la canopée que Gorth se retrouva au dessus de la pointe est de son village. Il était curieux de voir, bien qu’aucune ruine ne soit visible, l’emplacement des huttes plusieurs fois centenaires avaient marqué le sol. La végétation y a avait davantage poussée mais elle était d’un vert plus profond comme plus riche. Au niveau du sol, Gorth remarqua que quelques pyramides de pierre étaient encore intactes. Lorsqu’une personne mourrait, elle n’était pas enterrée mais brûlée au plus haut d’un arbre qui ne craignait pas les flammes. Le feu délivrant l’âme du corps était entretenu pendant un cycle entier de la lune. Alors venait ensuite la chasse au caillou. L’être aimé bien que séparé de son corps avait laissé une empreinte de sagesse à ses descendants ou bien à ceux qui restent. Il fallait chercher cette pierre sacrée. La première de la grosseur d’un poing trouvée était alors la bonne. On y gravait alors quelques signes personnalisant son souvenir. Il fallait parfois de longues semaines pour trouver une pierre de la bonne taille, là où n’était qu’arbre, mousse et fougères. On accumulait les pierres alors  en monticules. Les plus vieilles familles avaient devant chez elles, plusieurs centaines de cailloux.

Gorth venait également d’une famille très ancienne, voilà pourquoi son père était le grand prêtre de l’ordre guerrier et lui, le grand guerrier. Ils étaient arrivés à un temps pacifique où ces titres étaient honorifiques mais son père avait coutume de dire, que le temps était une gigantesque roue, elle tournait sans cesse avec l’illusion de rester à sa place. En vérité, quelques grains de poussière déviaient imperceptiblement son axe. C’était la chance de salut des hommes. Gorth avançât vers l’emplacement du temple. C’était la seule hutte en pierre du village. Elle était de taille modeste, chaque pierre ayant son histoire portée gravée sur elle. Il en restait encore quelques unes dont les symboles avaient été oubliés par le temps, lui aussi. Il ne trouverait rien ici.

C’est en se relevant qu’une silhouette bougea à la périphérie de sa vision. Kiet’al déjà ici ? C’était impossible, il avait pratiquement volé pour arriver jusque là. Il se retourna et vit une ombre rougeoyante dont il peinait à discerner plus de détail. Elle se trouvait à quelques dizaines de mètres de lui. Il la héla sans succès. Elle s’enfonça dans la forêt. Gorth se décida à la suivre. Bien qu’il essayait de se rapprocher d’elle, elle semblait en avoir conscience et gardait toujours avec lui la même distance. Gorth la suivit à son rythme pendant trois jours et trois nuits entiers. Elle marchait lentement. Gorth avait peur de se faire rattraper par le Faucon. Sa robe semblait changer de couleur au gré des pinceaux de soleil qui passait à travers la toiture verte. Elle le conduisait vers un lieu que nul autre sinon les prêtres, avait accès. Ce secteur de la forêt leur était interdit car on disait que c’était là que tout avait commencé. C’est à la bordure de cette aire que la personne se retournât et l’attendit. Si la beauté avait le pouvoir de frapper l’âme au point de la diviser en deux, Gorth fut heureux d’en être aveuglé. La chevelure brune légèrement ondulante dans le vent, entourait un visage aux traits fins percé par deux émeraudes à la lumière propre. Elle était vêtue d’une robe longue à capuche noire curieusement sans trace de son périple. C’est d’une voix mélodieuse qu’elle lui parla qu’il aurait pu reconnaître entre toutes :

            « Te voici enfin Gorth, je t’attendais. Tu dois aller au devant de ton destin et non pas le laisser te saisir de tes désirs, de ta volonté. Il y a de grandes forces en jeu. Les anciens remuent la terre en quête de richesses. Tu fais parti de cette richesse bien plus que tout autre. Tu as pris mon amulette. Elle t’a bien protégé jusque là. Il te la faut garder encore. Bien qu’elle te coûte plus que tu ne l’imagines, elle te donne la liberté dans l’action et l’invisibilité pour presque tous. Rien n’est plus parfait. Car le ciel lui-même semble corrompu.

            _ Qui es-tu ? Une aide divine ou autre illusion de mes sens ? J’ai cru t’entendre chanter lors d’une obscure captivité.

            _ Je suis ce qui aurait pu t’arriver de mieux dans une autre vie. Je te laisse mon nom, Ephéïde Telgeuse. Garde de toi d’en savoir davantage. L’équilibre n’est que trop fragile. Le temps a des mystères qui te seront révélés en …temps utile… annonça t’elle avec un sourire énigmatique. Je ne peux aller plus loin, traverse la frontière et reconnait la pierre.

            _ Pourquoi ce chant en particulier ?

            _ Il y a de ces instants où l’on voit la Mort, toutes les morts, et Vie qui ne tient qu'à un fil. Sa résistance au Chaos a une limite. »

Ce présage était mot pour mot celui qu’il avait tiré des runes à l’approche du village à l’obélisque. Il y avait des connections bien secrètes dans ce monde.

            _ La mort m’a déjà prise et me reprendra maintes fois avant que le monde ait un salut mérité. Reprit-elle avec mélancolie.

A peine eut-elle achevé sa phrase qu’une flèche empênée de pourpre fila en sa gorge bien profondément. Gorth se précipita en avant pour la soutenir dans sa chute. Le corps était bien réel tout comme les mots qu’elle avait eu.

            « A quoi peut-il donc bien te servir cette amulette si elle n’est pas capable de protéger tes précieux alliés ? Lança goguenard son pourchasseur. »

Sans prendre le temps de lui répondre, avec seulement un regard de surprise, mêlée de haine, Gorth franchit la frontière sacrée et s’enfouit entre les arbres millénaires. Quelques dizaine de mètres plus tard, il surveilla l’arrivée de Kiet’al en se demandant comme il avait pu être aussi rapide. Cet espion était bien plus qu’un simple gens de l’empereur. L’important maintenant était de se cacher du Corbeau et  trouver la pierre comme lui avait demandé Ephéïde. Kiet’al sembla comme repoussé par une barrière magique. Il semblait mécontent et maugréa en grands geste. Il fouilla dans ses poches intérieur et se saisit d’un petit objet qu’il lança par devant lui. L’air se troubla alors comme par l’effet d’une forte chaleur. Un trou de la hauteur de l’homme se dessina irisant l’humidité de l’air. Kiet’al passa alors victorieux.

            « Tu as vu Gorth ? Aucune barrière ne peut me résister, tu entends ? Aucune. Tu peux courir, tu ne peux aller bien loin … »

Mais courir était ce qu’il lui restait. Il repartit donc à travers la forêt foulant pour la première fois, cette terre de ces ancêtres, inconnue. Il décida de grimper un peu. Peut être qu’il y trouverait le temple sacré réservé aux prêtres et leurs initiés C’est avec un mélange de naturel et d’instinct qu’il se tourna vers le tronc le plus large. L’arbre avait été évasé en son centre au fil des générations lui permettant de continuer sa croissance tout en gardant son centre excavé pour leurs cérémonies. C’était un véritable trésor au sein de l’ordre naturel de la forêt vierge.  

Mais, Kiet’al l’y attendait déjà.

«  Ne sois pas surpris. Je te l’ai dit non ? Que je savais exactement où tu te trouvais ? Je sais donc où tu vas, ce n’est guère compliqué alors que de t’y précéder. Tes amis ont du vivre longtemps pour faire ça. Dommage qu’ils n’aient pu survivre… Au fait en t’attendant j’ai trouvé cette pierre. Il n’y avait que ça à l’intérieur. Bizarre quand même. »

 Ce faisant, il jeta avec Dédain la pierre par-dessus son épaule. Qui rebondit sur la branche maitresse avant de tomber dans le vide. Gorth se précipitât à sa rencontre, ce devait être la pierre qu’Ephéïde lui avait demandé de chercher. Il chuta à la suite de la pierre laissant un Kiet’al perplexe.

La pierre tomba au milieu des fougères, s’y perdit presque. Gorth suivit dans un grand cri de douleur. Il avait chuté de plusieurs dizaines de mètres. Il était vivant mais respirait à peine. Quelques instants plus tard, il entendit des pas à travers les hautes herbes fouiller autour de lui et s’approcher.

« Tu pensais qu’il te pousserai des ailes au cours de ta chute ?  C’est moi qu’on appelle le Faucon, pas toi…Tu veux toucher la pierre ? Je me demande bien pourquoi. M’enfin je suppose qu’avant de mourir tu as droit à une dernière volonté… Tu as bien couru après tout. Dit-il, goguenard.»

Il avança la pierre vers sa main droite et l’y posa. Il vit alors la pierre se mettre à luire suivant un symbole représentant une étrange lune au regard fermé. Une explosion de lumière en surgit alors. Le monde vacilla et bascula...Gorth se réveilla allongé sur ce qui semblait être un lit dans un dispensaire. Il essaya de se relever. Contrairement à la première fois, bien que nauséeux, aucune douleur à la tête le surprit.

«  Hé, le 27 bouge, on dirait, va voir toi.

_ Hum.

_ Hé, on se réveille enfin ?

_ Où suis-je ?

_ A l'hospice de Gartagasse, tu sais qui tu es ?

_ Je... je suis Gorth.

_ En quelle année ?

_ Le quatrième du rayon pourpre.

_ Hé, Darrault? Le 27 va s’en sortit! »

 

 

 

 

 

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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 21:26

Il pleut aujourd'hui comme il a plu hier
Comme il ne pleuvra plus demain, l'écolière
Du ciel assèche sa sueur, de courir
Ainsi à la recherche de son blanc sourire.

La lune devenue soleil en son froid hiver,
Colportait ses grandes espérances de glaces
De montagne en collines et en plaines qui lassent,
Existence dans une existence éphémère.

Le vent se gèle au bout de tes doigts de fées belles
Secoue des cheveux d'anges au dessus de ta tête
Habille ton corps d'une nacre de décibels.

Tu marches sur un long fil d'écume soyeux
Ce bonheur, une médiété de ces gens
Qui hurlent qu'un silence est tout pour être heureux

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 16:49


 

Sur le lit d'une blancheur nacrée, un corps beau à la peau velouté
Créait un relief aux neiges éternelles qui, au tumulte du sang versé
Faisait correspondance antagoniste à l'immortalité de mon âme révélée

Sang versé dans le palpitant domaine où la fleur s'entrouvre belle et pure
Un murmure de dragon soulève le voile translucide d'une vérité trop dure
Le doux mélange entre ce qui veux être et le fruit bientôt trop mur.

Vérité trop dure qui échappe dans un vrombissement de cordes basses.
Un fardeau qui se libère de son porteur, déploie ses ailes bien lasses
Dangereuses portes offertes au voyageur ermite qui vous embrasse.

Ailes bien lasses de s'être repliées en silence dans une promesse à venir.
Une larme qui creuse, le lion meurt, une main, encore un souvenir
Une caresse de dédain, une perte qui revient, un tout petit rire...

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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 14:41
Il y va de ces destins formidables qui se heurtent aux vents
Qui s'exilent loin de tout les instants
Prenant à pleines mains, terres, brindilles et épines
Pour en forger les rêves, les désirs de l'atropine

Il y va de ces chemins de montagnes
A fleur de peau arrachée à l'aubépine
Mêlant au sang le parfum de cocagne
Un battement de coeur, le chant de la résine

Il y va de ces visions d'enfances
Où grandit par les discours discourtois
Nous nous égarons privé de défense
Où il faut retrouvé à travers le doute, la foi.

Il y va de ma vie, et de mon coeur,
Il y va de ma raison et de mon savoir
Il y va de mon œuvre et de mes sourires
Que de réapprendre à vivre...
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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 16:44

C'est une armée déformée qui ouvre les yeux aujourd'hui
Les lèvres s'ouvrant sur un cœur enfouie dans une crevasse de nuit

C'est une armée déformée qui se lève aujourd'hui
Les mains qui se pressent et tambourinent dans l'ombre
Leurs poitrines oppressées et martèlent de leurs pieds ampoulés
Le sol poussiéreux, la terre boueuse, leur terre sacrée.

C'est une armée déformée qui hurle aujourd'hui
Comme le jour qui a vu leur naissance dans ce monde indigène
Indigent qui comprime leur liberté d'être et d'exister
Qui détruit sans pitié leur drapeau de vie et d'espoir
Rampant aux remparts fortifiés des lois ensanglantées,
Elle avance dans les fissures secrètes, secrétées par le passé.

C'est une armée déformée qui brandit aujourd'hui
Le courage et la vie comme cri de guerre
La rage et l'envie de grandir les rangs,
De forcer les barrières, de faire battre le cœur
En battant les corps de ceux qui ne respirent plus
Que par l'habitude, un procès pour cette vie alourdie
Une condamnation pour l'artificiel, la destruction par le mépris
De ceux qui confondent le bonheur dans leurs travails.

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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 16:06
L’un après l’autre, les enfants enlevés à l’arbre des cieux
Résolvaient l’ineffable fable du silence de leurs aïeux
Pour ceux, porcins des abîmes sublimes de l’âme à drames
Pour celles, porcines des cimes limées et décimées qui crament.

Du sang en tâches de vie sur le bleu paradis, répandait le vent
Qui rythme les flux pensés, les pétales de rêves dans les rides cyans
Qui chasse la nature par la nature, qui détruit l’ombre par la noirceur
Un jet d’encre sur une page blanche, déjà une rature en amateur.

L’un après l’autre, les prétendants dépossédés de souffle en fleur
Gagnaient le sommet du trône, le saint haut perché, perche de pécheur
Pour eux, pourriture, nourriture qui retombe en leur bec trop fermé
Pour elles, Eaux de bourbe, opprobre qui jaunit les sourires en pierriers.

Des sels en tâches de passé sur le blanc présent, roucoulaient le soir
Qui définit l’horizon, l’orée, les frontières, reflet dans un miroir
Qui tue le temps par le temps, l’immortel par le présent
Un coup de porte donné au nez de toute fuite vers l’avant.

L’un après l’autre, les géants aux voix profondes des terres englouties
Entassaient les fables ineffables, les trônes détrônés, le sang salit
Nourriture et eaux de bourbes, l’horizon de toutes les dimensions
Enfants et prétendants, jet d’encre et sourires de tout les temps
Dans un grand sac de facteur avec le bonheur pour destination
Car si de raison, la vie s’étiole, de l’irréelle folie, le bonheur se rend.
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